Kris Poté (C²) : Le principe MIC

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Dans un nouveau poste de blog, Kris Poté, président de C², parle du principe MIC qui signifie “Minimal Interpretable Communication”.

Les experts en communication en ont tous assez des plaintes concernant la mauvaise… communication. Dans un passé récent, les autorités fédérales ont envoyé des messages confus sur les mesures corona, les sites web contiennent de fausses nouvelles, les médias sociaux regorgent d’opinions et de mensonges et, dans les journaux, un éditorial en contredit un autre. C’est pourquoi nous préconisons le principe MIC, ou « Minimal Interpretable Communication ». En français, il s’agit de la « Communication Minimale Interprétable ».

À quoi doit-on prêter attention dans le cadre de la MIC ? Voici les règles de base.

Commencez chaque communication par la question du pourquoi. Pourquoi communiquez-vous sur un certain sujet ? Et pourquoi, en tant que destinataire, devez-vous recevoir cette communication ? Expliquer le « pourquoi » donne déjà une première base solide. De plus, fondez chaque communication sur des faits. Veillez à ce qu’il y ait le moins de place possible pour réfuter les faits. Cela signifie que vous devez documenter votre communication bien à l’avance, et que vous devez en savoir plus que ce que vous voulez communiquer. La rapidité et la précipitation sont rarement de mise, même s’il y a souvent une pression d’en haut pour communiquer « vite vite ». Impliquez des spécialistes en la matière et concertez-vous en équipe. Ce n’est qu’avec une préparation bien pensée et avec des personnes différentes que vous arriverez à appliquer la MIC.

Évitez autant que possible les commentaires de fond. Mieux vaut un texte court et clair qu’un texte avec de nombreux détails. Les détails rendent souvent la compréhension du message malaisée et sont source de confusion. À éviter. Utilisez des images (photos, graphiques, courts fragments vidéo). Nous savons tous qu’une image peut en dire plus que mille mots.

N’utilisez pas de jargon non plus, ou si vous devez le faire, expliquez-le clairement et sans équivoque. Il en va de même pour les mots difficiles issus de la science ou d’un environnement professionnel (en informatique, par exemple, CRM, qui désignent deux acronymes…). Ne présumez pas que les gens connaissent tous les mots ou qu’ils en chercheront le sens.

Renouvelez la communication au bon moment. La force d’un message réside dans sa répétition cohérente au bon moment. Par cohérence, nous entendons : ne pas essayer de faire passer le même message de différentes manières, ou par différentes sources ou personnes. Il existe une unité de commandement, donc aussi une unité de communication. C’est pourquoi, soit dit en passant, il faut toujours que la communication soit basée sur un « locuteur natif » (de la langue maternelle de la personne) et qu’une traduction soit toujours faite dans la langue maternelle. Un mot tel que « purpose » en anglais peut être traduit en français de nombreuses manières, le traducteur doit donc être capable de le replacer dans son contexte.

Communiquez avec autorité et empathie. Faites ce que font les bons journalistes et mettez-vous à la place du lecteur. Lorsqu’il y a un message important et lourd de conséquences, vous laissez le CEO ou l’homme politique de haut rang le porter. Cela montre immédiatement à quel point une situation peut être grave, qu’il s’agisse d’attaques, d’une pandémie ou d’une crise bancaire. En choisissant la bonne personne pour la communication, celle-ci est moins sujette à interprétation. Cela s’applique également aux « influenceurs », dans l’ancien (le prêtre pour les croyants) et le nouveau (les personnes populaires sur les médias sociaux) sens du mot.

Je vous entends déjà le dire. Pourquoi pas un principe NIC, « Non Interpretable Communication » (ou Communication non interprétable) ? C’est très simple : parce que cela n’existe pas et que c’est juste une utopie. C’est dans la nature humaine d’interpréter comme cela nous convient le mieux. Vous ne pouvez que limiter la marge d’interprétation. Celui qui le fait sera bientôt étiqueté comme un bon communicateur. En d’autres termes, le principe MIC.

Kris Poté, président de C², décembre 2020