RTL Group confirme la vente de sa filiale belge

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Le groupe de médias RTL a confirmé lundi la vente de sa filiale belge aux deux sociétés de médias belges DPG Media et Rossel. La transaction, estimée à quelque 250 millions d’euros, devrait être bouclée au quatrième trimestre. RTL Belgium comprend les chaînes de télévision RTL-TVi, Club RTL et Plug RTL, les radios Bel RTL et Radio Contact, la radio numérique Mint, le site de streaming RTL Play et le site d’informations RTLInfo.be.

RTL Group était actionnaire majoritaire de RTL Belgium depuis 33 ans avant de détenir la totalité de la filiale belge depuis décembre 2020. « DPG Media et Rossel sont des sociétés cross-media solides qui parviendront à accélérer le développement numérique de RTL Belgium », a commenté Elmar Heggen, directeur opérationnel du RTL Group.

Rossel et DPG Media, partenaires depuis de nombreuses années sur le marché publicitaire, seront actionnaires à 50% chacun de la filiale belge de RTL.

Christian Van Thillo (DPG Media) : « Le projet est ambitieux et permettra à chaque média impliqué de renforcer sa transformation numérique. Nous pourrons aussi servir nos annonceurs mieux que jamais. Le partenariat va permettre de développer une offre cohérente et plus efficace pour les clients nationaux des marchés publicitaires en télévision, radio et en numérique. »

Les nouveaux actionnaires vont également investir dans une transformation numérique accélérée des chaînes radio et télé de RTL Belgium. « La vidéo en ligne, en formats court ou long, est un segment à croissance rapide qui offre beaucoup d’opportunités pour les entreprises de télévision. En radio également, des possibilités sont présentes avec le développement de la radio numérique et le podcast. »

Entretien avec Bernard Marchant & Christian Van Thillo

Bernard Marchant (Rossel) et Christian Van Thillo (DPG Media) confirment le rachat de RTL Belgium dans un entretien publié par Le Soir et les titres Sudpresse.

« Le rachat s’est fait à 215 millions, auquel s’ajoutera un dividende de 35 millions. La trésorerie de RTL, qui est de 60-70 millions, le permet largement. Est-ce que c’est trop cher? Cela dépendra surtout de ce que l’on va en faire. En termes de potentiel, c’est un prix équitable », commente Marchant. « Nous sommes des partenaires à part entière, on discutera tout ensemble », souligne pour sa part Christian Van Thillo.

« Il est important de souligner que les centres de décision des entreprises reviennent dans des mains belges. Ce n’est pas neutre. Le groupe Rossel a toujours regardé aussi ce qu’il se passe en Flandre et pas seulement en France », relève Marchant.

Il précise qu’en termes de concurrence, « rien ne va changer sur le marché national. Le marché de la télévision n’est pas celui de la presse. La part de marché de VTM ou de RTL reste identique. L’opération se fait au niveau national avec des opérateurs dont l’intégration ne va pas changer les parts de marché en Flandre ou en Belgique francophone. RTL n’a quasiment aucune présence sur le marché publicitaire régional. Ce que l’Autorité va vérifier, c’est qu’il n’y ait pas d’obligation d’offres publicitaires combinées, au nord et au sud. C’est quelque chose que l’on ne fera jamais. N’oublions pas qu’une grande partie des annonceurs ne sont pas nationaux ».

En ce qui concerne l’emploi, Bernard Marchant pointe que les groupes font part d’un « monde évolutif et pas en rupture. Nous n’allons jamais gérer ce projet avec une rupture, mais plutôt en continuité et accélération, en s’appuyant sur les nombreux talents qui y sont ».

Enfin, Christian Van Thillo annonce que les groupes vont oeuvrer sur trois axes stratégiques : la transformation digitale des médias, la poursuite de l’expansion, peut-être en Europe, pour atteindre une taille critique qui permette d’investir dans cette transformation digitale, et le développement de nouveaux métiers, comme les services en ligne.

« Nous n’avons aucun objectif en termes d’expansion de notre chiffre d’affaires. Nous sommes une entreprise familiale avec une vision à très long terme », assure-t-il.

« Une vente au goût amer, mais une réelle opportunité pour le personnel de RTL Belgium »

Les sentiments du personnel de la filiale belge du groupe RTL étaient mitigés lundi matin à l’annonce de la vente de l’entité aux deux groupes de médias. L’opération laisse d’une part un goût amer aux représentants du personnel. « Nos actionnaires allemands ont préféré se séparer de notre entreprise plutôt que d’être partie prenante dans une consolidation de nos activités », constatent-ils. Tournés vers l’avenir, ils estiment cependant que le « double rapprochement, nord-sud et crossmedia, peut être une réelle opportunité pour le personnel de RTL Belgium, ainsi que pour notre outil industriel ».

Les syndicats estiment que les nouveaux propriétaires « ont une belle carte de visite et sont des acteurs sérieux et de premier plan dans le secteur des médias en Belgique », mais s’interrogent tout de même sur leurs intentions. « Comment envisagent-ils l’avenir de nos marques RTL ? Quelles seront les structures de gestion et de gouvernance de notre entité ? Quelles synergies comptent-ils dégager avec leurs propres structures ? »

Les représentants du personnel entendent rester très attentifs au maintien de l’emploi après un plan de restructuration lancé en mars 2018 au cours duquel 88 collaborateurs avaient été remerciés. « Aujourd’hui, nos départements sont plus affûtés que jamais et nos effectifs loin d’être pléthoriques », soutiennent-ils.

Ils plaident encore pour le maintien de la culture d’entreprise, de l’identité de RTL Belgium et de l’indépendance de ses contenus. « Notre information indépendante est garante du pluralisme en francophonie belge quand le Télévie nous confère un vrai rôle sociétal. »

Fin mai, la filiale belge de RTL employait quelque 600 personnes dont un peu moins d’un tiers de pigistes.

Source : Belga & Rossel.