« Je n’aurais jamais pensé que nous ferions cela » : comment être CEO en temps de crise

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Ce 24 novembre, nous avons participé au Belgian Communication Summit « avec près de 300 personnes » selon Kris Poté (président de l’organisateur C²). « Une année spéciale, un sommet spécial », a-t-il poursuivi, alors que l’événement était retransmis en direct depuis la Proximus Lounge. Cette année, le sommet a été dominé par les PDG et la crise : comment un chef d’entreprise peut-il gérer une crise sans précédent comme la pandémie de Covid ?

Kris Poté et Florence Muls (membre du conseil d’administration de C²) ont donc été invités : Raphael Thys en tant que keynote et Gaëtan Hannecart (Matexi), Guillaume Boutin (Proximus), Marie-Pierre Fauconnier (Sibelga), Thierry Geerts (Google Belgique), Yvan Verougstraete (Medi-Market) et Mimi Lamote (Mayerline Bruxelles) en tant que participants au panel de discussion. Inge De Vis a animé la soirée.

Anticiper ce que vous ne pouvez pas imaginer

Ça va vite. L’orateur principal et consultant principal Raphael Thys s’exprime ainsi : « Dans 20 ans, le monde sera encore plus différent aujourd’hui qu’il ne l’était il y a 300 ans. »  Internet of Things, impression 3D, intelligence artificielle, biotechnologies… La technologie connaît une croissance exponentielle comme il dit, mais l’humanité ne pense que de manière linéaire. Il est très difficile de changer par rapport à ce que vous ne pouvez même pas encore voir.­

C’est ça le problème. Vous ne pouvez plus l’imaginer et cela ne fera que s’accélérer en même temps. Le résultat : « Si la décennie précédente a été placée sous le signe de l’innovation, la prochaine sera celle de la résilience ». Être capable de faire face aux nouveautés – et donc aux crises – devient une compétence en or. Pour se préparer à quelque chose d’invisible, il faut « construire des scénarios extrêmes pour identifier ses faiblesses ».

Raphael Thys

Rechercher les aspects positifs d’une expérience négative

« Supposons que les magasins n’ouvrent pas pendant trois mois. Qu’allons-nous faire maintenant ? ». Chez Mayerline, ils ont procédé à l’exercice du premier lockdown. Mimi Lamote, PDG : « C’est à ce moment que nous avons commencé à proposer nos projets numériques pour 2022. Ce que nous voulions réaliser en deux ans, nous l’avons fait en deux mois. Ne vous méprenez pas : c’est un énorme drain, mais il nous aide à aller de l’avant ».

« Nous avions tous les jours à 11 heures, un call, entre les 4 CEO des gestionnaires de réseaux de distribution », raconte Marie-Pierre Fauconnier. Le PDG de Sibelga a également découvert des points positifs. « Un tel call simplement pour voir quelle expérience on avait vécu, quel problème on pouvait avoir – et surtout assurer une forme de cohérence à travers l’entièreté de la Belgique ».

Yvan Verougstraete (Medi-Market) investirait désormais davantage dans les bureaux physiques, dans l’intention de les rendre plus agréables. Pourquoi ferait-il cela ? Parce que le télétravail fait prendre conscience aux gens des avantages du bureau à domicile. « Je pense que c’est en fait une expérience, ça nous apprend d’autres choses et ça nous redonne aussi la valeur de choses dont on ne se rendait même pas tout à fait compte ».

De gauche à droite : Mimi Lamote, Marie-Pierre Fauconnier et Yvan Verougstraete

L’envie de faire autrement

Optimistes et pessimistes, Thierry Geerts (Google Belgique) estime que « nous devons apprendre à être ‘possibilistes’. Et en Belgique on est absolument mauvais en possibilisme. Nous devons donner envie et élaborer des plans avec les possibilités qui existent, sans naïveté dans l’optimisme, mais en restant loin de ces scenarios négatifs ».

« Je n’aurais jamais pensé que nous ferions cela, mais nous avons appris à une partie de nos clients à être actifs digitalement », explique Mimi Lamote. « Plus encore, nombre de collègues qui restent à la maison en ont assez. Ils ont aujourd’hui un autre rôle : nous livrons des colis chez eux, nous faisons du videostyling à distance et nous rendons visite à nos clients. Et je vois que les employés ont retrouvé l’envie de faire les choses autrement ».

Selon Guillaume Boutin (Proximus), « bien sûr notre responsabilité comme patron, c’est d’avoir des ambitions un peu folles. Parce que en effet on ne peut pas attendre uniquement que le politique nous dise quoi faire ».

L’importance de l’environnement local

Les avantages du tsunami digital de 2020 sont latents, mais selon Gaëtan Hannecart (Matexi), « il y a un deuxième volet. Il s’agit des relations humaines et le Coronavirus nous a fait découvrir deux choses. La première est les possibilités numériques à distance mais elles nous ont aussi fait redécouvrir l’importance de l’environnement local, du contact humain, d’un foyer chaleureux et d’un quartier agréable de qualité ».

De gauche à droite : Thierry Geerts, Guillaume Boutin et Gaëtan Hannecart