Pascal Chevalier : « Reworld Media est un groupe d’entrepreneurs »

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La technique au service des médias, c’est la vision industrielle de Pascal Chevalier pour son entreprise Reworld Media. En seulement 10 ans, Reworld a réussi à devenir la première marque médiatique en France, réunissant plus de 80 marques médias dont certaines iconiques comme Grazia, Marie France, Top Santé, Science & Vie, Auto Plus, Aufeminin, Marmiton et bien plus encore. L’entreprise est également présente dans 12 pays européens et emploie 1.800 personnes.

Pascal Chevalier, président et cofondateur de Reworld Media, était présent en vidéo-conférence au séminaire Media & Communities organisé en l’honneur des 15 ans de MediaSpecs ce mardi 28 février. Il était interviewé par Arnaud Vataire, Country Manager de MediaSpecs France. L’avis d’un technicien, ingénieur avant d’être magnat des médias, et son modèle économique pour une entreprise médiatique à succès.

Après avoir fondé et fait florir son agence tech NetBooster, Pascal Chevalier a fait un constat : « Même dans le marché des moteurs de recherche, très technophile, le contenu est en fait le plus important. » C’est ainsi qu’il a décidé de lancer un groupe média, aux côtés de Gautier Normand en 2012. Deux tiers de la croissance de Reworld Media s’est fait par des acquisitions de marques déjà établies (pour un tiers de croissance organique), auxquelles le groupe apporte ensuite son expertise technique.

« On crée à la marque un écrin, avec du contenu de qualité pour que cette marque et ses passionnés puissent vivre et rester en contact avec d’autres supports. »

La digitalisation et le ciblage d’audience sont des grandes armes de guerre de Reworld, et ces expertises ont été essentielles dans la gestion de l’accélération du digital depuis le covid-19. Pour Pascal Chevalier, ces approches sont complémentaires avec le contenu : « La technologie est importante mais la marque média doit rester très forte. » C’est en effet grâce à elle que les marques attirent et retiennent des communautés de passionnés – auxquelles les annonceurs auront envie de s’adresser. Le rôle de la technologie, du ciblage, de la data est finalement « de permettre au lecteur de trouver le bon contenu et de permettre à l’annonceur de trouver le bon client potentiel, ou du moins la bonne cible ».

« Mieux vaut avoir des petites audiences peu qualifiées que des audiences massives non qualifiées. »

Reworld, c’est 80 marques médias, mais c’est plus de 400 communautés différentes à l’intérieur de ces marques, qui demandent chacune un contenu spécifique. « La seule façon de combattre le zapping sur internet, c’est de fournir un contenu qui correspond vraiment aux attentes. » Reworld concentre actuellement une belle part de sa croissance sur des communautés de niche, plus adaptées au ciblage pour les annonceurs et qui sont généralement prêtes à débourser pour un contenu taillé sur mesure, comme ce fut le cas pour le lancement du magazine food Gueuleton.

Reworld capitalise également sur le sentiment de communauté pour améliorer sa stratégie content to commerce : « Sur Marmiton, lorsqu’on lit une recette de cuisine et qu’elle est tellement bien faite qu’elle nous donne vraiment envie de passer à table, s’il suffit de cliquer sur un lien pour acheter la mozzarella utilisée dans la recette, on peut être assuré que la conversion va être très forte. On peut donner la parole à un membre de la communauté qui dit lui-même, avec ses mots de passionnés, ce qu’il pense d’un produit, et ainsi générer des commandes. » Sur ces placements de produit, Reworld prend généralement une commission et génère actuellement 120 millions d’euros de chiffres d’affaires par an grâce à l’e-commerce, ce qui correspond à 1,2 milliards de recettes pour les plateformes revendeuses.

C’est là un autre point fort de l’entreprise : la diversification – des contenus, mais aussi des sources de revenus. Cette année, Reworld organise par exemple une centaine d’événements, un nouveau secteur qui s’inscrit dans l’ambition de l’entreprise d’investir dans plus de hors média après 3 ans de covid-19. La régie du groupe établit également des offres sur mesure pour les différents types d’annonceurs, et ça fonctionne : « Les annonceurs viennent chez nous en disant : ‘L’exposition est plus faible mais la conversion est meilleure.’ »

« Au même titre qu’on gère des communautés de passionnés, nous avons développé des offres pour des communautés de clients. »

Déjà présent surtout en tant qu’acteur de la tech en dehors de la France, le groupe Reworld Media a fait une entrée remarquée sur le marché des médias italien par l’acquisition des marques Grazia et Icon (en Italie) en janvier de cette année. Le groupe, déjà présent en Asie du Sud-Est et en Amérique du Sud, compte poursuivre son internationalisation en se focalisant sur une croissance organique, mais aussi en exportant des marques françaises « qui ne demandent qu’à vivre à l’étranger ».

Le mot de la fin : « Reworld Media est un groupe d’entrepreneurs. Ce qui nous a permis de réussir dans un marché qui évolue vite, c’est l’agilité des entrepreneurs. Quand on a lancé ce groupe avec Gautier, tout le monde nous disait ‘Vous êtes fous de travailler dans les médias, c’est un marché pourri’. Au contraire, c’est un marché génial et qui a évolué ! Finalement, c’est ça le propre de l’entrepreneur : quand on lui dit que c’est impossible, il va tenter de le faire. Je pense que l’énergie entrepreneuriale est très importante pour les groupes d’aujourd’hui et de demain. Ce sont les entrepreneurs qui créent des innovations, des ruptures et des évolutions. »