Nicolas Boulart : « Le DAB+, la nouvelle jeunesse que s’offre la radio »

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nicolas boulart

À l’heure où le plan de fréquence incluant le DAB+ est officiellement lancé, Nicolas Boulart propose son analyse sur cette nouvelle ère qui s’ouvre pour le monde radiophonique.

Les Belges écoutent la radio un peu plus de trois heures au quotidien selon MediaXperience et Life Observer, les études respectives des régies RMB et IP. La radio est donc l’un des médias préférés de notre pays avec la télévision et les réseaux sociaux. Mais cette consommation a fortement évolué ces dernières années et risque encore d’être bouleversée avec l’arrivée du DAB+, la version améliorée du ‘Digital Audio Broadcasting’ qui viendra petit à petit remplacer nos récepteurs FM à la maison et dans la voiture.

Une nouvelle ère (digitale) se prépare pour la radio après le lancement des premières stations web fin des années 90 et le lancement de la radio-vision en 2009. Le DAB+ s’impose de manière croissante comme la nouvelle norme pour écouter la radio en Europe, notamment en France (dites RNT pour radio numérique terrestre), Suède, Suisse et aux Pays-Bas. Les avantages de cette nouvelle technologie sont un meilleur confort d’écoute, des zones de couverture plus grandes par émetteur et surtout plus de choix pour les auditeurs.

En Belgique, le DAB+ existe déjà depuis 2015. D’abord lancé en Flandre avec des stations telles que TopRadio, il a vu son offre s’agrandir avec l’arrivée des radios de Medialaan (Q Music, Nostalgie, Joe) et de la VRT (Radio 1, Radio 2, Studio Brussel, MNM, Klara). Il faut dire que l’incitent était là. Le ministre Sven Gatz a en effet annoncé la fin de la FM d’ici à 2022 pour les radios établies en Flandre. Résultat, plus d’un Flamand sur cinq est déjà à l’écoute de façon digitale (DAB+, ordinateurs et appareils mobiles, TV). En Fédération Wallonie-Bruxelles, la révolution se met également en marche avec le lancement d’une phase test en novembre dernier et d’un appel d’offre du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (CSA) aujourd’hui. Outre l’augmentation du choix (jusqu’à 11 réseaux nationaux privés sans compter les réseaux provinciaux actuels et la RTBF), le cabinet Marcourt a inclus les radios indépendantes dans cette nouvelle technologie à l’inverse de la situation en Flandre.

Si les agendas et stratégies divergent dans notre pays, c’est le Belge qui sera sans nul doute gagnant à terme. Avec plus d’espace qu’en radio analogique, la radio digitale permettra l’arrivée de nouveaux acteurs ou à des acteurs existants de grandir. Et on le voit chez nos voisins hollandais et français, un plus grand nombre de radios permettra un choix de formats plus important pour les auditeurs. Demain, nous pourrions donc écouter sur une zone provinciale voire nationale des stations Jazz, Electro, Hip Hop (c’est déjà le cas de Tarmac), ou encore des radios mettant en avant une communauté. Et naturellement, dans la partie francophone, il sera possible de renouer avec Mint ou Chérie disparues il y a plusieurs années des ondes analogiques.

Du côté des grandes radios publiques comme privées, on s’active déjà depuis plusieurs mois. Car au-delà du dossier de candidature à rendre pour le 15 mars 2019, c’est tout un modèle qu’il faut repenser. Plus d’offre signifie que le gâteau des revenus publicitaires sera partagé en plus petits morceaux et que le positionnement de chaque station devra donc être plus fort. Les régies publicitaires doivent elles aussi anticiper ce changement, ce qu’elles ont déjà partiellement réalisé en Wallonie puisqu’IP y représente désormais les radios provinciales et que d’autres études sont en cours pour vendre les radios indépendantes. Car justement, c’est là aussi l’une des opportunités. Avec une couverture généralement plus importante, les radios locales pourront aussi bientôt intéresser les régies à la condition qu’elles se professionnalisent et grandissent dans le marché.

Si la FM reste aujourd’hui le moyen d’écoute principal de nos stations favorites, ce n’est pas sans perte de terrain au profit de l’écoute sur les appareils mobiles (surtout), les ordinateurs et la radio-vision. Sans oublier la concurrence de Spotify, Weezer et autres podcasts. Certes, les constructeurs automobiles et fabricants de récepteurs s’adaptent petit à petit au DAB+, mais il faudra aussi une volonté politique forte et une concertation maximale entre les radios pour amener les Belges à passer à cette nouvelle technologie. Une chose est sûre pour la FM, celle qui fût la révolution dans les années 80 devrait prochainement s’éteindre à petit feu… En route donc vers l’audio digital !