Préoccupations d’IPM sur la cession d’IP Press à Rossel et L’Avenir

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Les éditeurs Rossel et L’Avenir ont annoncé un vaste plan de collaboration commerciale (voir l’article) qui s’articule autour de trois volets afin d’affronter la concurrence toujours plus grande des géants du web sur le marché publicitaire.

Le premier volet concerne le rachat de l’activité « Press » de la régie publicitaire de RTL, IP Belgium. « Cette cession participe à une stratégie de consolidation pour chacune des parties », indique IP (voir le communiqué).

« Pour la régie IP, il s’agit de concentrer l’ensemble de ses activités sur le secteur audiovisuel et de consolider son statut de leader du secteur. La branche Press relevait d’une activité historique pour IP et ne cadrait plus avec ses objectifs stratégiques concentrés sur l’audiovisuel. »

« Cette cession est de nature à permettre le repositionnement d’IP Press au coeur d’une entreprise leader francophone et la création d’un pôle puissant pour l’activité magazines. Ce faisant, elle assure la pérennité du travail des équipes d’IP Press et offre de nouvelles opportunités de développement à nos mandants de la presse magazine », a déclaré Denis Masquelier, directeur général de la régie IP Belgium.

Les deux autres volets portent sur des synergies commerciales. Les équipes commerciales de L’Avenir vendront les marques Le Soir et Sudpresse aux annonceurs dans les zones où ces équipes sont les plus fortes (Brabant wallon, Namur et Luxembourg), tandis que les équipes de Rossel feront de même avec la marque L’Avenir dans les régions où elles sont dominantes (Liège et Hainaut). Et, au niveau national, dès janvier 2018, c’est Rossel Advertising qui commercialisera les espaces publicitaires de L’Avenir (papier et internet) dans le cadre des offres nationales (hors package NP qui comprend toute la presse belge).

L’enjeu de ce rapprochement porte avant tout sur la publicité en ligne et la nécessité d’avoir une force de frappe plus conséquente, selon les deux groupes.

IPM Group, éditeur de La Libre Belgique et de La Dernière Heure, estime, dans un communiqué adressé mardi à l’agence Belga, que l’annonce des accords de régies publicitaires entre L’Avenir et Rossel « est en fait la mise en place d’un oligopole de la presse sponsorisé par les pouvoirs publics ».

« IPM Group dénonce de la manière la plus ferme l’attitude des pouvoirs publics qui, plutôt que de veiller à instaurer un cadre concurrentiel vertueux et dynamique entre les entreprises de presse, organisent à leur bénéfice une concentration oligopolistique. C’est ici le pluralisme de la presse qui est en jeu, et il est totalement inadmissible qu’un mouvement d’une telle ampleur ait été préparé et décidé dans le plus grand secret, alors qu’il s’agit d’enjeux politiques et économiques majeurs », souligne François le Hodey, CEO d’IPM.

« L’argument de la concurrence des acteurs internationaux ne peut pas justifier la mise en place d’une telle concentration, c’est un alibi habile mais qui n’autorise pas la création d’un oligopole destructeur pour les autres acteurs », poursuit IPM, qui demande au ministre-président wallon Willy Borsus d’organiser « en toute urgence » une concertation avec les parties concernées.

« Ce n’est pas la presse qui a un problème de concurrence, mais la presse a un problème face aux acteurs numériques », a réagi Bernard Marchant, CEO du groupe Rossel, face aux réclamations anti-concurrentielles d’IPM. Quant à une éventuelle concertation réclamée par IPM au ministre-président wallon, Marchant rappelle qu' »il y a suffisamment d’autres endroits où la presse peut se rencontrer ».

Pour les Editions de l’Avenir, ce rapprochement est naturel puisque les deux régies oeuvrent déjà sur le plan régional. « Les acteurs qui travaillent vraiment sur le local sont chez Rossel et L’Avenir », s’est défendu Eric Schonbrodt, administrateur délégué des Editions de l’Avenir. Il dit espérer que la sérénité reviendra vite, tout en insistant sur le fait qu’il n’était pas dans l’intention des deux groupes de mettre IPM de côté. Si IPM désire faire partie de cette réflexion et que d’autres synergies sont possibles, Schonbrodt est prêt à en discuter. Enfin, « il n’est nullement question de contrôle des médias », a-t-il c onclu.

Source: Belga.