10 ans du Baromètre CSA : un peu plus de femmes, une diversité qui stagne ou régresse dans les médias

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Le CSA publie son Baromètre de l’égalité et de la diversité dans les médias audiovisuels. À cette occasion, un site dédié à l’étude a été mis à en place. Depuis 2011, date du premier Baromètre de l’égalité et de la diversité dans les médias audiovisuels, le CSA mesure et analyse la manière dont les éditeurs de services audiovisuels de la Fédération Wallonie-Bruxelles représentent l’égalité et la diversité à l’écran, au regard des critères de genre, d’origine, d’âge, de catégories socio-professionnelles et de handicap.

Au cours de ces dix années, la photographie régulière de ces variables témoigne de peu d’évolution en matière d’égalité et de diversité à l’écran. La seule progression significative identifiée porte sur la présence des femmes, tandis que celle d’autres groupes tels que les personnes perçues comme issues de la diversité, les personnes perçues comme étant en situation de handicap, les classes d’âges situées aux extrémités de la pyramide des âges (les plus jeunes et les plus âgées) ainsi que les catégories socio-professionnelles les moins qualifiées et les inactif·ves continuent de faire l’objet d’une sous-représentation massive à l’écran.

Selon le rapport du CSA, la proportion de femmes à l’écran a augmenté de près de 8% en 10 ans, pour atteindre 39% en 2021. Elles restent toutefois sous-représentées au regard de leur présence dans la société. Cette augmentation s’est notamment traduite par une présence accrue au sein de certains rôles médiatiques, comme celui de journaliste-animatrice (+46%), d’experte (+8%), de porte-parole (+13%), ou encore de participation dans des programmes sportifs (+9%). Elles restent toutefois sous-représentées au regard de leur présence dans la société, et font également l’objet tendance au jeunisme, avec une représentation proportionnellement plus importante que les hommes dans les catégories les plus jeunes. Par ailleurs, plus l’information est locale, plus le nombre de femmes augmente.

L’étude pointe ensuite le manque de visibilité des personnes issues de la diversité dans les différents programmes audiovisuels. Cette représentation n’a augmenté que de 1% entre 2011 et 2021, et a même connu une tendance à la baisse entre 2017 et 2021. Une décroissance significative a même été constatée dans les programmes de fiction (-18%) et de divertissement (-10%). Le rapport note en outre que la rubrique dans laquelle la diversité est la plus présente porte sur les sujets de grand banditisme, de terrorisme et de justice (45%). Du point de vue des rôles médiatiques, plus ces derniers sont prestigieux, moins les personnes perçues comme étrangères sont représentées.

Le baromètre poursuit en étudiant les groupes socio-professionnels, et souligne que les personnes issues de catégories supérieures sont sur-représentées, avec plus de la moitié des apparitions à l’écran. Cette présence, qui augmente au fil des années, se fait au détriment des autres catégories moins qualifiées, largement cantonnées à des rôles secondaires tel que celui de témoin. Parmi l’ensemble des programmes, seules trois catégories échappent à cette constatation : le sport, les faits divers et l’enseignement.

Les personnes en situation de handicap sont quant à elles pratiquement absentes des programmes. Elles représentent 0,47% de l’ensemble des intervenant·es observés et sont très majoritairement sollicitées pour des sujets spécifiquement liés au handicap (81%). Les rôles les plus valorisés socialement sont par ailleurs ceux où la présence des personnes en situation de handicap est la plus faible. Ainsi, aucune d’entre elles n’occupe le rôle de journaliste-animateur, et une majorité est représentée dans des rôles passifs, comme celui de figurant (83%).

L’étude se penche enfin sur l’intersectionnalité, processus au travers duquel une personne fait l’objet de diverses discriminations fondées sur plusieurs caractéristiques de son identité. Le CSA constate ainsi que la tendance au jeunisme ou l’invisibilisation de certaines catégories comme l’origine ou le handicap, se renforcent lorsqu’elles sont associées.

Le baromètre s’achève sur le constat que sa publication annuelle ne suffit pas à influer favorablement sur les représentations de la diversité. « L’heure est au questionnement : quels leviers activer pour générer un plus grand équilibre des représentations au sein des programmes audiovisuels ? », s’interroge le CSA dans sa conclusion, face à cette observation.

Le corpus étudié est composé de 19 chaines d’information linéaire et 12 médias de proximité, dont les programmes ont été étudiés du mercredi 15 au mardi 21 septembre 2021. Quelque 80.939 intervenants ont en outre été observés.

Depuis 2016, le décret sur les médias audiovisuels a introduit l’obligation de respecter le principe d’égalité entre les femmes et les hommes, ce qui a permis au CSA de pouvoir sanctionner les propos sexistes. En 2021, d’autres critères liés à la discrimination ont été introduits, dont le racisme, la xénophobie ou encore l’homophobie.

Consultez les détails de l’étude ici.

Source : Belga.