Le secteur des médias flamand fait face à de grands défis. En l’absence d’un changement de politique médiatique, les chaînes de télévision privées flamandes risquent de devenir structurellement déficitaires à partir de 2026, avec des conséquences considérables pour l’ensemble du secteur.
C’est pourquoi Play Media et DPG Media demandent au ministre flamand des Médias (Cieltje Van Achter) et aux négociateurs fédéraux de prendre deux mesures concrètes : créer un terrain de jeu plus équitable face aux géants technologiques internationaux et instaurer un cadre fiscal favorable pour les investissements dans le contenu local.
Ce n’est qu’à ces conditions que le secteur des médias pourra rester sain et dynamique, tout en contribuant à une culture et une identité flamandes fortes et reconnaissables.
Une politique médiatique ambitieuse et tournée vers l’avenir est essentielle
Les diffuseurs privés réclament une concurrence équitable avec les entreprises technologiques internationales telles que Google, Amazon, Netflix et TikTok, qui inondent le marché publicitaire et bénéficient d’économies d’échelle et d’avantages fiscaux dont les diffuseurs locaux ne disposent pas. Ces derniers doivent également se conformer à des restrictions strictes en matière de publicité (pensez aux interdictions sur les jeux de hasard ou le tabac), ce qui les désavantage par rapport aux acteurs internationaux. C’est pourquoi les diffuseurs demandent aux décideurs politiques d’établir des règles équitables pour tous les acteurs du marché et de ne pas introduire de nouvelles restrictions publicitaires pour les médias locaux. Ils réclament également un cadre fiscal favorable pour les annonceurs qui choisissent les médias locaux plutôt que les plateformes internationales. Cela offrirait un bol d’air financier aux diffuseurs flamands et permettrait de réinvestir ces revenus dans des productions locales.
Dirk Lodewyckx, Directeur Général TV, Radio & Streaming chez DPG Media : « Notre secteur subit cette pression depuis des années : les coûts augmentent tandis que nos revenus diminuent constamment. C’est pourquoi nous avons demandé au cabinet de conseil PMP d’analyser les tendances, et les résultats sont alarmants. Sans intervention, les chaînes privées flamandes risquent de devenir structurellement déficitaires à partir de 2026 en raison de la baisse des revenus liés à la distribution et à la publicité. Mais nous ne restons pas les bras croisés, car nous sommes des entrepreneurs. Nous continuerons à investir dans le contenu local, les plateformes numériques et l’innovation. »
Jeroen Bronselaer, CEO de Play Media : « Cependant, ces efforts ne suffiront pas à compenser entièrement les pertes. Si nous voulons maintenir la santé du secteur médiatique flamand, des mesures politiques concrètes sont nécessaires. Nous demandons donc un terrain de jeu plus équitable. Seule une politique médiatique ambitieuse de la part du gouvernement permettra aux entrepreneurs flamands de continuer à remplir leur rôle sociétal et de renforcer le secteur. »
Les chaînes privées flamandes sous une pression insoutenable
Une étude récente réalisée par le cabinet de conseil PMP révèle que, sans changement de politique, les chaînes privées flamandes risquent de sombrer dans une spirale négative. Selon l’étude, elles pourraient perdre jusqu’à 50 millions d’euros de revenus annuels d’ici 2029 en raison de deux grandes tendances. D’une part, l’augmentation du cord cutting (abandon des abonnements TV traditionnels) en Flandre pourrait entraîner la perte d’environ 600.000 abonnements au câble, soit une diminution de 31 millions d’euros de revenus liés à la distribution. D’autre part, les revenus publicitaires de la télévision traditionnelle continueront de chuter fortement. Bien que les plateformes numériques (comme VTM GO et GoPlay) compensent partiellement cette baisse, le bilan restera négatif avec une perte annuelle de 20 millions d’euros sur les revenus publicitaires.
Sans action, la pression sur le secteur des médias flamands deviendra insoutenable, avec des conséquences potentiellement dramatiques. Selon l’étude de PMP, les chaînes devront inévitablement réduire leurs dépenses en programmes, ce qui entraînera une diminution de 25 % des commandes passées aux maisons de production flamandes. À terme, cela pourrait entraîner la disparition de 700 emplois, mettre en péril les programmes de divertissement et d’information, et même conduire à la fermeture de certaines chaînes si rien ne change.
Les médias locaux : un moteur sociétal essentiel
Les diffuseurs soulignent que le contenu local ne se limite pas au divertissement. Il crée des liens et renforce la solidarité en Flandre, favorise la créativité et l’innovation, soutient la diversité et le pluralisme, et garantit une information de qualité et objective. Sur le plan économique, le secteur des médias joue également un rôle crucial, avec un chiffre d’affaires annuel de 2 milliards d’euros et quelque 7.000 emplois. Grâce à une offre large et de qualité, les chaînes flamandes contribuent à l’identité et à la créativité de la communauté. C’est pourquoi les chaînes privées flamandes appellent le gouvernement à élaborer de toute urgence une politique médiatique intégrée pour assurer l’avenir du secteur des médias flamands.
MISE À JOUR – Réaction de Cieltje Van Achter : « Rendre les applications télévisées flamandes plus visibles et accessibles sur les smart TV »
La ministre flamande des Médias, Cieltje Van Achter (N-VA), comprend la demande de DPG Media et Play Media pour une politique de soutien plus solide dans la lutte contre les grands acteurs internationaux.
Elle souhaite introduire une obligation visant à rendre les applications télévisées flamandes – tant celles des chaînes commerciales que de la chaîne publique VRT – plus visibles et accessibles sur les smart TV.
« Sur la télécommande d’une smart TV, il y a souvent un bouton qui mène directement à Netflix ou à Google, alors que les applications flamandes sont parfois presque introuvables. C’est une énorme barrière, mais grâce à une législation, on peut imposer que ces applications soient accessibles. »
Van Achter a expliqué que la Flandre travaille déjà à instaurer des conditions équitables en obligeant les plateformes comme YouTube, Instagram, Facebook et TikTok à investir dans des productions flamandes à partir du 1er janvier 2025.
DPG Media et Play Media demandent également qu’aucune restriction supplémentaire ne soit imposée aux annonceurs. Sur ce point, Van Achter est d’accord. Quant à la demande d’un avantage fiscal pour les entreprises qui font de la publicité dans les médias locaux, cela relève du niveau fédéral. « Je ne peux pas me prononcer sur ce sujet pour le moment », a déclaré la ministre.