Le Sénat formule des recommandations pour intensifier la lutte contre les fake news

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Le Sénat a voté vendredi un rapport d’informations présentant plus de 50 recommandations afin de lutter contre les fake news. Il faut renforcer la lutte active contre la désinformation et sensibiliser les citoyens afin qu’ils soient plus conscients du danger et donc plus prudents face aux tentatives d’ébranler la démocratie, selon ce rapport. Tous les partis l’ont approuvé hormis la N-VA et le PTB qui se sont abstenus ainsi que le Vlaams Belang qui a voté contre.

Sur la base de huit auditions d’experts belges et étrangers, dont des représentants de Facebook et Google, le Sénat a formulé 53 recommandations adressées à tous les gouvernements de Belgique et à l’Union européenne. « Nous avons opté pour une politique à deux voies: en plus d’intensifier la lutte active contre la désinformation, nous nous concentrons également sur la sensibilisation et la conscientisation des citoyens, afin qu’ils soient moins sensibles aux tentatives intérieures et étrangères d’ébranler notre démocratie », explique le rapporteur principal Tom Ongena (Open Vld).

Parmi les recommandations principales, il y a celle d’obtenir plus de transparence quant au fonctionnement des algorithmes que les médias sociaux utilisent pour déterminer quels contenus un utilisateur peut voir ou non, détaille le Sénat.

Les auditions ont démontré que les algorithmes des médias sociaux préfèrent montrer les fake news, car elles contiennent souvent des contenus polarisants qui provoquent plus d’interactions. Le Sénat veut donc obliger les médias sociaux à revoir le fonctionnement de leurs algorithmes et à donner aux utilisateurs la possibilité de déterminer eux-mêmes le contenu proposé.

Les sénateurs plaident par ailleurs pour l’attribution de labels de qualité. L’utilisateur peut alors avoir la certitude que le message répond à toutes les exigences d’une information indépendante et véridique.

Le Sénat souhaite par ailleurs compléter le code déontologique pour les titulaires de fonctions politiques en instaurant l’obligation de transparence en matière de publicités politiques et l’interdiction de diffuser délibérément une fausse information ou d’utiliser des robots ainsi que de faux comptes.

Une utilisation intensive de l’intelligence artificielle doit aussi permettre de détecter plus rapidement la désinformation.

« La désinformation prend aujourd’hui des proportions inquiétantes au vu de la vitesse et de l’amplitude des réseaux sociaux. C’est un enjeu démocratique d’avoir accès à une information de qualité et fiable. Le sénat a produit 53 recommandations pour rendre les citoyens plus résilients, les partis plus éthiques et les plateformes plus transparentes. Les partis et les responsables politiques ont une responsabilité et des moyens d’agir », a commenté Hélène Ryckmans (Ecolo), corapporteuse.

Pour Fatima Ahallouch (PS), « c’est une question société dont l’amplitude touche aux fondements de nos démocraties, à la confiance en l’État de droit et à l’information ainsi qu’à la cohésion sociale ».

« Des citoyens informés et conscients des dangers de la désinformation sont moins susceptibles de diffuser de fausses nouvelles ou de la désinformation ou de les accepter comme la vérité. Des personnes d’âges différents entrent en contact avec désinformation : aussi bien des jeunes que des personnes âgées, c’est pourquoi nous voulons accroître l’éducation aux médias de l’ensemble de la population », a souligné Karin Brouwers (CD&V).

La N-VA s’est abstenue. Également rapporteuse, Maaike De Vreese a jugé qu’il n’appartenait pas aux réseaux sociaux « de déterminer ce qu’est la désinformation. La liberté d’expression est cruciale ».

Source : Belga.