Faux départ pour Faky, la plateforme de lutte de la RTBF contre la désinformation

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Faky est arrêté le même jour que son lancement, voir aussi la deuxième partie de l’article.

La RTBF a présenté vendredi une nouvelle plateforme digitale de lutte contre la désinformation. Nommé Faky, l’outil donne des indications sur la fiabilité d’un article ou d’une photo en agrégeant des analyses journalistiques et algorithmiques. « On lance une version bêta, qui doit maintenant être testée par de nombreux utilisateurs et corrigée », a insisté Jean-Paul Philippot, l’administrateur général de la RTBF, dans les locaux de l’accélérateur de projets Engine, à Mont-Saint-Guibert, où l’idée s’est développée.

Disponible sur le site Faky.be et via une application, la plateforme analyse des textes au départ de leur lien URL ainsi que des photos qu’il suffit de télécharger. L’utilisateur peut aussi lui soumettre un mot-clé afin de consulter des articles de fact-checking qui s’y rapportent.

Pour évaluer la fiabilité d’un contenu, Faky s’appuie sur les données du Décodex et les analyses journalistiques des Décodeurs, deux outils développés par le quotidien français Le Monde. Faky recourt aussi à l’intelligence artificielle, avec le « Détecteur de désinformation » conçu par la société Sopra Steria pour la RTBF ainsi que Textgain, spin-off de l’Université d’Anvers qui évalue le degré de subjectivité d’un texte, et Neutral News, plateforme développée par trois étudiants ingénieurs pour déceler les informations manipulées. Les photos sont aussi soumises à Google Vision, qui permet de retrouver tous les sites où une image identique a été diffusée.

Faky est une aide. Il ne dit pas si une information est vraie ou fausse, ont souligné leurs concepteurs. La plateforme a mûri parallèlement au projet éditorial « Inside » au sein des équipes de la RTBF encadrées par Engine, accélérateur de projets entrepreneuriaux. La mise en oeuvre informatique a été assurée par Vox Teneo.

« Lutter contre la désinformation est l’un des pans de l’éducation aux médias, un axe majeur de cette législature », a souligné la ministre des Médias Bénédicte Linard (Ecolo). « Faky est une porte d’entrée. Il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Même s’il y a encore du travail, par exemple pour revaloriser le journalisme d’investigation à l’instar de celui pratiqué par Médor », a-t-elle ajouté, alors que la revue s’est étonnée vendredi matin du mauvais résultat atteint par ses articles. Cette revue belge n’est pas référencée par le Décodex et ses textes n’ont été analysés que par Textgain, qui y a décelé un taux élevé de subjectivité. « Pour ce genre de cas, Faky devrait préciser que son résultat ne repose que sur un seul outil. On va essayer de modifier cela dès aujourd’hui », a promis Georges Lauwerijs, responsable du pôle « médias » de la RTBF Academy, l’espace de formation de la RTBF.

Faky cherche encore des partenaires pour grandir et collaborer avec davantage de sites de fact-checking. Il n’est pas hébergé sur le site de la RTBF car son but est de rassembler toute une communauté au-delà des journalistes et du public de la RTBF, a aussi pointé Grégoire Ryckmans, le journaliste du média public en charge du projet.

MISE À JOUR : La RTBF suspend sa plateforme Faky le jour de son lancement

Face aux critiques, la RTBF a décidé vendredi après-midi de suspendre Faky, quelques heures seulement après la présentation. « Faky revient dans une version améliorée très prochainement », peut-on lire sur la page d’accueil.

« En aucun cas on ne prescrit ce qu’il faut lire ou pas. Faky est un encouragement à l’esprit critique », insiste la porte-parole de la RTBF Axelle Pollet, qui convient que l’intention et les limites du site devraient davantage être mises en avant. « Quand les résultats ne sont basés que sur un seul outil d’analyse algorithmique, il faut le signaler. Le but n’est pas de créer la confusion sur des médias fiables », ajoute-t-elle.

Vendredi matin, sur Twitter notamment, plusieurs journalistes se sont étonnés des mauvais résultats obtenus par des articles sérieux sur la plateforme Faky. A l’inverse, certaines fausses informations ne sont pas détectées.

Source : Belga.