La représentation de la diversité dans les quotidiens belges francophones ne progresse guère. C’est ce qui ressort de la troisième étude sur l’égalité et la diversité dans la presse quotidienne réalisée par l’Association des Journalistes Professionnels (AJP).
Les résultats se basent sur l’étude de six quotidiens (Le Soir, La Libre Belgique, DH Les Sports, L’Echo, Nord Eclair et Le Courrier de l’Escaut). Au total 1.596 articles ont été passés au crible et plus de 18.647 intervenants analysés en fonction de 26 critères, sur trois jours pris de manière aléatoire entre janvier et mai 2018.
Égalité des genres
Par rapport au dernier baromètre portant sur 2013/2014, la présence des femmes est en recul en 2018. Les femmes ne représentent ainsi que 15,39% des intervenants, contre 17,31% précédemment. « L’analyse montre que ce sont les pages sportives qui plombent les résultats : la presse consacre très peu de place au sport féminin (6% de femmes dans les pages sportives) et encore moins aux joueuses », constate l’AJP. « Mais dans les contenus hors sport, la présence des femmes est en réalité en progression : on passe de 25% à 30% de femmes. »
La gent féminine reste la mieux représentée dans les articles traitant de sujets « santé/bien-être » (60,6% des intervenants sont des femmes, soit une progression de 25% par rapport à 2013/2014), « société » (40%, contre 29%) « enseignement/éducation » (36%, statu quo) et dans les faits divers (33%, contre 30%). Sa place progresse par ailleurs de 5% dans les thématiques politiques (24,5%).
« Les femmes sont surtout présentes dans des rôles passifs, de manière encore plus marquée que dans notre étude précédente », pointe l’AJP. « Quand elles ont la parole, c’est surtout dans des rôles de vox populi (environ 27%). Si la part des femmes dans le rôle de porte-parole est plus importante qu’auparavant (20% contre 14% précédemment), la part d’expertes n’a pas évolué et est même en léger recul, à 13% seulement. » Et en ce qui concerne les professionnels de l’information, 20% des journalistes sont des femmes, contre 14% auparavant.
Diversité
En ce qui concerne l’origine, alors que la part d’intervenants issus de divers horizons avait fortement augmenté lors du baromètre 2013/2014 (passant de 17% en 2010 à 33%), elle est cette fois stable (34%). « Cette diversité provient surtout de l’information internationale (49%) et des articles qui traitent de sport (38%) », relève l’AJP, qui précise qu’en dehors de ces catégories, le pourcentage tombe à 20%. On compte par ailleurs seulement 20% de porte-paroles (en recul de 9%) et 6% d’experts issus de la diversité d’origines (en recul de 8%).
Concernant la diversité au sein des catégories socioprofessionnelles, celle-ci reste très pauvre. Les cadres et dirigeants, professions intellectuelles et sportifs comptent pour 94% de l’échantillon, alors que 6% sont des ouvriers, étudiants, agriculteurs, chômeurs, notamment. Au niveau des tranches d’âge, les 19-34 ans sont surreprésentés dans la presse quotidienne (41% contre 20% de la population belge). A l’inverse, les jeunes de 18 ans ou moins et les seniors sont sous-représentés (respectivement 9% et 8%). Autre bémol pointé par l’étude, les personnes présentant un handicap (0,21%) sont dans deux tiers des cas interrogées en relation avec leur handicap et la majorité d’entre elles occupent des rôles passifs.
La tendance est donc au statu quo, malgré la création du portail Expertalia.be, base de données à l’attention des journalistes regroupant des femmes expertes de même que des spécialistes masculins issus de la diversité d’origines. Celui-ci n’est pour l’instant utilisé que par quelque 300 journalistes. La directrice de la Direction de l’égalité des chances de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Alexandra Adriaenssens, a indiqué que dans le cadre d’un partenariat établi avec l’AJP, via une convention 2019-2021, 240.000 euros seront investis dans les 3 prochaines années pour renforcer la diversité dans les médias. Une campagne d’action sera ainsi mise en place, un développement du site Expertalia.be est prévu, de même qu’une 4e édition du baromètre. En outre, un kit pédagogique à destination des professeurs et étudiants du secteur sera créé.
Source : Belga.
