Absence de perspective : Le secteur des salons assigne l’Etat belge en justice

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Le secteur des salons n’a toujours pas reçu de perspective à l’occasion du dernier Conseil de sécurité. En attendant, la situation devient des plus critiques pour la plupart des complexes d’exposition, des organisateurs et des fournisseurs de salons. Le prochain Conseil de sécurité aura lieu le 15 juillet. Entre-temps, le Conseil d’Etat laisse à l’Etat jusqu’au 15 juillet pour se prononcer lors du Conseil National de Sécurité (voyez l’update au bas de l’article).

Au moyen de cette citation, la fédération professionnelle Febelux et 5 membres éminents du secteur des salons cherchent à convaincre les politiciens de permettre à ce secteur de se remettre au travail en toute sécurité à partir du 1er août.

La citation vise à obliger l’Etat belge à prendre une décision au plus tard le 15 juillet 2020 concernant le sort des salons, et ce au moyen d’un Arrêté ministériel dont la violation entraînerait le payement d’une astreinte de 100.000€ par jour de retard.

Le Ministre fédéral De Crem et la Première Ministre Wilmès ont été assignés en justice ce vendredi 3 juillet 2020 par :

  • Febelux,
  • EasyFairs (Flanders Expo, Antwerp Expo, Nekkerhal, Namur Expo, …),
  • Kortrijk Expo,
  • The Fair Experts (Matexpo, …),
  • Fisa Livecom (Batibouw, Cocoon, …)
  • BeMatrix.

L’Arrêté ministériel du 30 juin 2020 permet que des demandes puissent de nouveau être introduites à partir du 1er août pour pouvoir organiser des événements de plus de 800 personnes, mais limite ces événements à un public « assis ». Cela exclut de facto les salons (en tant qu’événements impliquant des déplacements). Des congrès et des concerts assis sont à présent autorisés, et les centres commerciaux, marchés et kermesses ont pu réouvrir, mais pas les salons ! En ce qui concerne les salons, aucune date de réouverture n’est même fixée.

Risque de pertes d’emploi et faillites massives

Dès lors, l’ensemble des acteurs de la chaîne de ce secteur économiquement important risque de faire faillite. Les exploitants de halls d’exposition, les organisateurs et les fournisseurs ont cessé leurs activités depuis le 11 mars, et l’interruption de leurs activités menace maintenant de durer jusqu’à la fin de l’année, voire plus longtemps encore.

Ann Pelgrims, Association Manager chez Febelux, la fédération professionnelle du secteur des salons et congrès, confirme : “Le secteur se dirige vers des pertes d’emploi et des faillites massives. Entre-temps, les pays voisins ont déjà réouvert le secteur, ou fixé une date de réouverture, ce qui pourrait avoir pour effet que certains salons belges risquent de disparaître (définitivement ?) à l’étranger. »

Le secteur des salons avait pourtant travaillé avec le Secteur Evénementiel au développement du Covid Event Risk Model, qui a été mis cette semaine à disposition par les autorités pour permettre d’organiser des événements contrôlés et sûrs. Un Exitprotocol Events avait été approuvé, et prévoyait que les salons seraient également autorisés à en faire usage, mais le mot « assis » s’est glissé in extremis dans l’Arrêté ministériel.

Dirk Van Roy, CEO d’EasyFairs Belgique déclare : “L’absence d’horizon est meurtrier pour le secteur des salons, en particulier en raison du temps de préparation que nécessite l’organisation d’un salon. Il n’y a aucune certitude quant au fait que les salons prévus dans le courant de cette année ou début de l’année prochaine pourront avoir lieu. Il est évident qu’il est impossible de trouver des exposants pour un salon dont la tenue même est incertaine. Dans ces conditions, il est inutile d’engager des frais de publicité. Tout cela risque de faire imploser l’ensemble du secteur des salons. »

Frédéric François – CEO de Fisa – explique : “Nous ne demandons pas de l’argent. Nous souhaitons seulement pouvoir recommencer à travailler, en toute sécurité. Vu l’absence de perspectives, nous avons déjà dû décider d’annuler les éditions 2020 du salon Cocoon et du salon de l’Alimentation de Bruxelles. Le salon des Vacances et Batibouw risquent également de disparaître du calendrier si nous n’avons toujours pas de perspective claire d’ici le 15 juillet. Ces salons sont importants non seulement pour nous en tant qu’organisateurs, pour Brussels Expo et pour tous les fournisseurs, mais aussi et surtout pour les secteurs qu’ils servent. Les entreprises du secteur de la construction atteignent jusque 40% de leur chiffre d’affaire annuel grâce à Batibouw, selon notre dernier sondage auprès des exposants. »

Principes fondamentaux violés

« Sur base de ces éléments, nous avons demandé à notre avocat d’assigner l’Etat belge en justice, parce que nous sommes d’avis que l’Etat belge n’a pas agi correctement et a violé un certain nombre de principes fondamentaux, » déclare Febelux dans le communiqué de presse.

Le moyen le plus parlant concerne la violation du principe d’égalité. Les salles d’exposition et les centres commerciaux sont tout à fait comparables du point de vue du coronavirus. Il n’existe dès lors aucune justification raisonnable pour traiter différemment les centres commerciaux et les salles d’exposition. La citation ajoute par ailleurs que les salles d’exposition permettent en réalité d’éviter plus facilement les contaminations que les centres commerciaux.

Update du 10 juillet : Le Conseil d’État donne une semaine de répit à l’État belge pour prendre une décision concernant les foires et salons

Tous ces éléments ont été présentés au Conseil d’État ce 9 juillet. Celui-ci laisse à l’État jusqu’au 15 juillet pour se prononcer lors du Conseil National de Sécurité. Le secteur part du principe que l’Etat profitera de ces quelques jours pour lui fournir enfin une perspective de réouverture en toute sécurité de foires, salons et congrès. Sans quoi, l’autre procédure engagée, en référé, au Tribunal de Première Instance de Bruxelles, dont l’audience est prévue ce 16 juillet, sera maintenue.

« Que quelqu’un m’explique, au vu de ces éléments, pourquoi les centres commerciaux sont ouverts depuis des semaines et que notre secteur n’a toujours pas la moindre perspective de réouverture.  L’attitude de l’État belge contraste d’autant plus avec les décisions prises par les gouvernements de nos pays voisins, qui ont décidé, si ce n’est pas déjà fait, de la réouverture imminente des foires et salons dans leurs pays respectifs », s’indigne Dirk Van Roy.

« La faillite, la semaine dernière, de Conceptum, organisateur de Créativa, Mégavino, le Salon des Vacances d’Anvers, du Belgian Boat Show, Sfeer, Countryside, etc., témoigne de l’urgence de notre demande. On va droit au drame. Chaque jour supplémentaire sans perspective nous apportera son lot de faillites. Même aux Pays-Bas, ou la réouverture est déjà actée au 1er septembre, les faillites et réorganisations sociales continuent de s’accumuler. Il est urgent de stopper l’hémorragie !”, conclut Frédéric François.